A Loos-en-Gohelle, les services techniques (environ 80 personnes) sont une pierre angulaire de l’application au quotidien de la politique de développement durable. En effet, ils sont en charge de l’entretien des bâtiments et espaces extérieurs, des divers équipements et de la voirie, mais aussi de l’aspect technique et logistique des temps forts municipaux (manifestations sportives et culturelles, commémorations, etc.) et font partie intégrante du processus décisionnel concernant les grands travaux communaux. De plus, nombre d’agents des services techniques étant sur le terrain (espaces verts, voiries, etc.), ils constituent de fait des ambassadeurs des pratiques durables ou non de la ville…
C’est ainsi qu’ils se sont trouvés en première ligne en 2003 lors du passage de l’entretien des espaces verts en gestion différenciée, par exemple. Il a fallu faire accepter les prairies fleuries, les fauches tardives qui donnaient de prime abord une impression de manque d’entretien alors qu’elles permettent le développement de la biodiversité, etc. Dans ce domaine, le recul de ces années de pratique permet de constater le changement de perception des habitants : alors qu’auparavant ils se plaignaient du manque d’entretien des prairies fleuries, certains font aujourd’hui des réflexions quand elles sont tondues ! On mesure ici l’importance du travail de sensibilisation et d’explication…
Une évolution continue
Au fil des années, les changements de pratiques (nouveau matériel ou modes de travail) ont touché tous les corps de métiers, de manière plus ou moins profonde : si le service espaces verts a énormément évolué, cela est plus difficile pour le service voirie, domaine dans lequel il existe moins de solutions alternatives.
Ainsi, au quotidien, des améliorations sont progressivement apportées (ce qui présente aussi l’intérêt d’étaler les investissements financiers et la charge de travail dans le temps). Dès que cela est possible des techniques et produits écologiques et peu énergivores sont utilisés. Ces modifications apportent un avantage en termes d’impact environnemental, mais aussi et surtout de santé des agents qui les manipulent. Par exemple, lorsqu’une ampoule arrive en fin de vie, elle est remplacée par une version basse consommation, la peinture pour les bâtiments est devenue peinture à l’eau entre 2009 et 2010 (celle utilisée pour les voiries est sans solvants), les produits utilisés par le service propreté ont été remplacés par des produits labellisés écologiques (ce qui a contre toute attente permis de baisser ce budget : de 36000 à 28000 euros), utilisation de bois brut PEFC en menuiserie depuis des années, etc. Ces améliorations progressives ne sont pas toujours perçues par les usagers, car les équipes techniques s’efforcent d’obtenir la même qualité de rendu… Cela prouve accessoirement qu’il est possible de faire aussi bien (voire mieux) autrement.
Néanmoins, la technique ne peut pas répondre à tout : certains secteurs ne présentent pas encore d’alternative satisfaisante (un goudron reste un goudron, le bois contreplaqué écologique n’existe pas, etc.) et offrent donc une faible marge de manoeuvre. De plus, opter pour de nouveaux modes de faire implique parfois des moyens humains (recrutements, formation…) et techniques supplémentaires, ce qui n’est pas toujours possible dans un contexte budgétaire qui se resserre d’année en année. Enfin, la recherche de solutions alternatives adaptées et innovantes demande un important travail de veille, d’analyse et de test de matériel.
Un facteur humain essentiel
Conformément à l’orientation municipale en matière de participation des acteurs, les agents concernés par les évolutions de matériel ou de pratiques envisagées sont associés aux choix pour conforter leur pertinence. Experts dans leur domaine, ils sont en effet à même d’indiquer si les propositions répondent à leurs besoins et sont compatibles avec la structure et l’organisation du service. Réunions, sensibilisation, formation, vérifications sur le terrain… la mise en place de nouvelles procédures demande du temps aux agents et à l’encadrement.
Du temps, il en faut parfois aussi pour faire accepter et rôder les nouveaux fonctionnements. Lorsque l’achat d’un matériel innovant est décidé, une formation est donnée par le fournisseur afin d’aider les techniciens à s’adapter aux nouvelles pratiques induites, mais plus globalement un effort de formation est nécessaire. Une question d’autant plus cruciale que le turn over, comme dans la plupart des services techniques, est important à cause du recours aux emplois aidés. Dans certains domaines, la rotation du personnel rend la formation nécessaire une à deux fois par an…
Le soutien aux associations
A Loos-en-Gohelle, la vie associative, culturelle et sportive est importante. On compte ainsi en moyenne une manifestation par week-end, dont des temps forts comme la Route du Louvre (marathon et randonnées), le Trail des terrils, le festival des Gohelliades, la montée aux flambeaux des terrils lors de la Sainte-Barbe ou encore les voeux du maire.
Les services techniques apportent également un soutien logistique aux associations et aux écoles (tables, chaises, barrières, scènes, matériel d’exposition, etc.). Dans un souci de préservation de la santé des agents, le parc de tables et chaises a été renouvelé par du matériel demandant moins d’efforts de manipulation (plus léger et plus pratique).
Quelques chiffres
- Gestion différenciée des espaces verts :
- 200 ha de gestion naturelle (friches) dont 15 ha de fauchage tardif, 15 ha de bois en gestion conservatoire (terrils 11/19…), 3,5 km de cavaliers en gestion naturelle
- 110 ha de gestion espaces verts, dont 2500 m2 de prairie fleurie (augmentation chaque année)
- 15 km de Ceinture verte, dont un corridor biologique au-dessus de l’A21 (2005)
- Utilisation d’espèces régionales pour tous les espaces verts
- « Zéro phyto » depuis 2005 dans les cités 5 et Belgique.
- Gestion alternative des eaux pluviales :
- 100 % des eaux infiltrées à la parcelle ou récupérées sur les nouveaux aménagements depuis 1997
- 50 000 l récupérés sur différents bâtiments (servent à l’alimentation des sanitaires, au nettoyage du matériel ou à l’entretien des espaces verts)
- Entretien alternatif des voiries et trottoirs :
- Aucune utilisation de produits phytosanitaires sur les voiries et sur les surfaces imperméables, utilisation restreinte sur 3 ha de surface perméable (objectif 0 pour 2014)
- Passage à la peinture à l’eau en 2010 pour les bâtiments et sans solvants pour les voiries
- 5 parkings végétalisés, soit une soixantaine de places.
D’autres paysages grâce à la gestion différenciée
Depuis de nombreuses années, la reconquête des friches (carreaux de fosses, terrils, cavaliers) est une priorité communale. Leur aménagement en espaces verts, fait à partir d’essences locales, est également pensé pour favoriser la biodiversité. Avec des résultats : d’ores et déjà, le retour de certaines espèces en ville est observé.
Moins de pesticides, plus d’espèces sauvages et moins d’espèces horticoles, interventions mécaniques allégées, moins de tontes… Depuis 2004, l’ensemble des espaces verts est entretenu en gestion différenciée. Résultat de la graduation dans l’entretien des espaces verts inhérente à cette méthode, un paysage à multiples facettes se crée. À Loos-en-Gohelle, cinq types d’espaces sont définis :
- floraux : espaces composés de massifs floraux, de jardinières et de suspensions florales (suivi particulier et beaucoup d’arrosage)
- horticoles : parcs et jardins (entretien dit soutenu)
- de fleurissement naturel en ville : prairies fleuries, qui ramènent la nature en ville et dans les quartiers, tout en favorisant le retour à la biodiversité (solution alternative à un fleurissement dit économique)
- naturels : fourrés, terrils, zones à à faible fréquentation (fauchage et ramassage annuel, entretien plus régulier aux abords des habitations). Lorsque cela est possible, des arbres morts sont conservés car ils amènent une véritable richesse écologique en abritant et nourrissant de nombreuses espèces d’insectes, d’animaux et de champignons
- terrains de football (entretien soigné)
A noter qu’une gestion alternative ne signifie pas l’abandon de toute ambition esthétique : en 2008, Loos-en-Gohelle a obtenu sa Première Fleur au concours « Fleurir le Pas-de-Calais ». Une preuve de plus qu’il est possible d’obtenir des résultats probants en gérant l’environnement autrement…
La gestion des déchets
Les services techniques loossois vont au-delà des dispositions légales en matière de tri et recyclage des déchets. Chaque type de déchet a été répertorié (électronique, huiles moteur, bouteilles de gaz récupérées dans les dépôts sauvages, pneus, batteries, etc.) et une filière de recyclage identifiée ou « créée » (filière « officielle », garages, fabricants ou vendeurs, etc.). Cela implique davantage de travail, car il faut trier sur place, convaincre les partenaires de prendre en charge les déchets, les transporter jusqu’au lieu de prise en charge, etc.
Le coût de service techniques « durables »
Contrairement à une idée reçue, introduire de nouvelles techniques aux services techniques ne coûte pas plus cher que garder les anciennes pratiques. Cela permet même parfois de générer des économies : il existe de plus en plus de produits écologiques, ce qui permet d’être plus exigeant et de faire jouer davantage la concurrence. Couplé à un travail sur les contenants (bidons de 10l au lieu d’1l lorsque cela ne provoque pas de problème de manutention par la suite…), les résultats peuvent être surprenants. A titre d’exemple, le remplacement des produits utilisés par le service propreté par des produits labellisés écologiques a permis de baisser ce budget : de 36 000 à 28 000 euros. Autre exemple, depuis 2010, les peintures utilisées pour les voiries sont sans solvants, celles utilisées pour les bâtiments sont à l’eau. A l’usage, ces peintures s’avèrent meilleures techniquement et environnementalement, tout en coûtant moitié moins cher…
En outre, les investissements dans du nouveau matériel effectués à Loos-en-Gohelle depuis plusieurs années ont permis de réaliser des économies en fonctionnement. Les marges dégagées ont été réinvesties, investissements générant à leur tour des économies de fonctionnement, selon un cercle vertueux. A budget constant, les services techniques se sont équipés, professionnalisés et les agents sont montés en qualification. Le choix de la « durabilité » n’est donc pas une position militante, mais pragmatique.
Une politique d’achat multicritères
Les achats (renouvellement de matériel, nouvelles pratiques, etc.) sont décidés en fonction de plusieurs critères directement issus du schéma du développement durable : intérêt social (« confort » et santé des agents…), environnemental et économique.